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Il est arrivé !
Salut Baptiste ! Oups… Tu as vu le calendrier ? Déjà l’automne !- Oui, ma saison préférée. Beaucoup moins chaude que l’été, moins agitée que l’impétueux printemps, moins froide que l’hiver, mais toute en douceur avec ses fruits, noix et noisettes, châtaignes et champignons… Même les bruits sont différents en automne. Ils nous parviennent légèrement étouffés, comme si la nature voulait que tout se déroule dans une certaine discrétion, peut-être avant l’endormissement hivernal.- La saison préférée des poètes aussi car c’est dans la mélancolie engendrée par l’automne que l’inspiration est féconde. Certains ne sont pas très gais même s’ils sont beaux. Voici un poème d’Alphonse de Lamartine « Pensées des morts » dont Brassens interprète une partie du texte.
Voilà les feuilles sans sèveQui tombent sur le gazon,Voilà le vent qui s’élèveEt gémit dans le vallon,Voilà l’errante hirondelleQui rase du bout de l’aileL’eau dormante des marais,Voilà l’enfant des chaumièresQui glane sur les bruyèresLe bois tombé des forêts.L’onde n’a plus le murmureDont elle enchantait les bois ;Sous des rameaux sans verdureLes oiseaux n’ont plus de voix ;Le soir est près de l’aurore,L’astre à peine vient d’écloreQu’il va terminer son tour,Il jette par intervalleUne heure de clarté pâleQu’on appelle encore un jour.L’aube n’a plus de zéphireSous ses nuages dorés,La pourpre du soir expireSur les flots décolorés,La mer solitaire et videN’est plus qu’un désert arideOù l’œil cherche en vain l’esquif,Et sur la grève plus sourdeLa vague orageuse et lourdeN’a qu’un murmure plaintif.La brebis sur les collinesNe trouve plus le gazon,Son agneau laisse aux épinesLes débris de sa toison,La flûte aux accords champêtresNe réjouit plus les hêtresDes airs de joie ou d’amour,Toute herbe aux champs est glanée :Ainsi finit une année,Ainsi finissent nos jours !C’est la saison où tout tombeAux coups redoublés des vents ;Un vent qui vient de la tombeMoissonne aussi les vivants :Ils tombent alors par mille,Comme la plume inutileQue l’aigle abandonne aux airs,Lorsque des plumes nouvellesViennent réchauffer ses ailesÀ l’approche des hivers.C’est alors que ma paupièreVous vit pâlir et mourir,Tendres fruits qu’à la lumièreDieu n’a pas laissé mûrir !Quoique jeune sur la terre,Je suis déjà solitaireParmi ceux de ma saison,Et quand je dis en moi-même :Où sont ceux que ton cœur aime ?Je regarde le gazon.Leur tombe est sur la colline,Mon pied la sait ; la voilà !Mais leur essence divine,Mais eux, Seigneur, sont-ils là ?Jusqu’à l’indien rivageLe ramier porte un messageQu’il rapporte à nos climats ;La voile passe et repasse,Mais de son étroit espaceLeur âme ne revient pas.Ah ! Quand les vents de l’automneSifflent dans les rameaux morts,Quand le brin d’herbe frissonne,Quand le pin rend ses accords,Quand la cloche des ténèbresBalance ses glas funèbres,La nuit, à travers les bois,À chaque vent qui s’élève,À chaque flot sur la grève,Je dis : N’es-tu pas leur voix ?Du moins si leur voix si pureEst trop vague pour nos sens,Leur âme en secret murmureDe plus intimes accents ;Au fond des cœurs qui sommeillent,Leurs souvenirs qui s’éveillentSe pressent de tous côtés,Comme d’arides feuillagesQue rapportent les oragesAu tronc qui les a portés !C’est une mère ravieÀ ses enfants dispersés,Qui leur tend de l’autre vieCes bras qui les ont bercés ;Des baisers sont sur sa bouche,Sur ce sein qui fut leur coucheSon cœur les rappelle à soi ;Des pleurs voilent son sourire,Et son regard semble dire :Vous aime-t-on comme moi ?C’est une jeune fiancéeQui, le front ceint du bandeau,N’emporta qu’une penséeDe sa jeunesse au tombeau ;Triste, hélas ! dans le ciel même,Pour revoir celui qu’elle aimeElle revient sur ses pas,Et lui dit : Ma tombe est verte !Sur cette terre déserteQu’attends-tu ? Je n’y suis pas !C’est un ami de l’enfance,Qu’aux jours sombres du malheurNous prêta la ProvidencePour appuyer notre cœur ;Il n’est plus ; notre âme est veuve,Il nous suit dans notre épreuveEt nous dit avec pitié :Ami, si ton âme est pleine,De ta joie ou de ta peineQui portera la moitié ?C’est l’ombre pâle d’un pèreQui mourut en nous nommant ;C’est une sœur, c’est un frère,Qui nous devance un moment ;Sous notre heureuse demeure,Avec celui qui les pleure,Hélas ! ils dormaient hier !Et notre cœur doute encore,Que le ver déjà dévoreCette chair de notre chair !L’enfant dont la mort cruelleVient de vider le berceau,Qui tomba de la mamelleAu lit glacé du tombeau ;Tout ceux enfin dont la vieUn jour ou l’autre ravie,Emporte une part de nous,Murmurent sous la poussière :Vous qui voyez la lumière,Vous souvenez-vous de nous ?[...]Ils furent ce que nous sommes,Poussière, jouet du vent !Fragiles comme des hommes,Faibles comme le néant !Si leurs pieds souvent glissèrent,Si leurs lèvres transgressèrentQuelque lettre de ta loi,Ô Père ! ô Juge suprême !Ah ! ne les vois pas eux-mêmes,Ne regarde en eux que toi !…/…
Tags : c’est, tombe, ami, vent, coeur
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Commentaires
Décidemennt tout lemonde surf sur cette vague automnale, il fait si beau, les arbres sont si verts que je n'arrive pas encore à m'y faire... ça viendra car, c'est ma saison préfèrée. passe un bon dimanche.
C'est vrai, l'automne incite à la mélancolie pourtant ce sont de belles couleurs qui apparaissent. Cette année, l'automne ressemble à l'été avec les feuilles qui tombent.
Coucou
Je ne la connaissais pas du tout cette chanson de Brassens. Elle est assez tristounette.
Bonne soirée
bonsoir guy
ma saison preferee a moi aussi
et en plus servie par Brassens c'est tout bon !!!bises et bonne soiree...
Merci l'aimi pour ces longues lignes malgré leur tristesse, elles sont si belles ! vive l'automne que j'affectionne particulièrement ! bisous !
Bonjour Ountés Passat... Lamartine et Brassens un bel automne en duo... Merci à toi... Bonne fin de semaine... Jill
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Ah Brassens! ça au moins c'était un chanteur...