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    Lettre à mon pépé. Écologie.

    Il y a longtemps que je ne t’ai pas écrit pépé. Depuis là-haut quelque part dans le ciel, tu nous observes et tu pourrais même bien rire en considérant les bêtises des uns et des autres. 

    Ici, on commence – seulement maintenant – à s’inquiéter officiellement de l’avenir de notre planète, ou plutôt de l’avenir de l’Homme sur la planète. Quelques-uns se demandent si notre façon de vivre ne viendra pas à bout du magnifique et extraordinaire vaisseau spatial qu’est la Terre, cette merveilleuse boule bleue.

    Reconnaissons que nous mettons le paquet pour en finir, nous avons exploité le charbon, pompé le pétrole, détruit les forêts, et envoyé tout ça en fumées ; comme ça ne suffisait pas, nous avons tout traité aux pesticides, fait crever définitivement bon nombre d’oiseaux, d’insectes, de mammifères… Et ce n’est pas fini… L’œuvre destructrice se poursuit… Nous avons de la constance et de la ténacité. Nous parvenons à faire monter la température (certains l’affirment, d’autres le contestent ?) avec la perspective que la fonte des glaces provoquera une montée des eaux de trois mètres minimums, ce qui exigera que beaucoup chaussent des bottes, et que d’autres redeviennent amphibiens si tant est que l’Homme est le fruit de mutations successives émanant du poisson.

    Enfin cela est un bien grand et néfaste programme, auquel tu assisteras hélas peut-être depuis ton balcon.

    Mon propos d’aujourd’hui n’est pas d’énumérer toutes les « conneries » que nous faisons ici entre hommes, si l’on voulait approfondir on pourrait en écrire des pages encore et encore… Non, je voulais juste faire un petit retour en arrière et rappeler quelques souvenirs.

    Lorsque tu cultivais tes champs dans le Bas Quercy, tu labourais avec les bœufs, tu amendais le sol avec le fumier du troupeau, tu attendais la pluie, en réalité du produisais du « bio » sans le savoir. Sais-tu qu’aujourd’hui ces méthodes ont été abandonnées et que nous faisons nos achats avec précaution en zigzagant au travers des rayons des supermarchés (que tu n’as pas connus) pour tenter d’échapper aux empoisonnements par les pesticides que les producteurs utilisent.

    Oui, je sais, cela ne s’est pas produit d’un seul coup par l’effet d’une baguette magique. Quelques malins ont inventé des produits efficaces pour fertiliser, efficaces pour détruire telle ou telle plante dite « mauvaise » ou encore tel ou tel vermisseau. Seul l’effet destructeur donnait sa valeur au produit, le consommateur serait chargé ensuite de trouver auprès des divers services de santé une solution pour réparer les dégâts.

    Tu comprends la différence si l’on compare avec le plaisir que nous avions à repérer un beau produit que nous achetions sans crainte, car je le répète il était naturellement bio ! 

    Quand nous voyons aujourd’hui qu’un agriculteur se suicide tous les deux jours (http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2018/08/17/31003-20180817ARTFIG00252-pourquoi-un-agriculteur-se-suicide-t-il-tous-les-deux-jours-en-france.php ) il y a de quoi s’interroger sur le système que les humains ont réussi à développer pour essorer une catégorie de leurs congénères

    Je ne suis pas sociologue, ni psychologue, tu le sais mon pépé, mais je suis réfléchixologue, c’est à dire celui qui pense avec sa tête au lieu de penser avec son porte-monnaie et qui déduit une logique sans avoir les yeux rivés sur ses résultats bancaires. Cela dit, et en résumé et en accéléré, quelqu’un est venu voir le paysan qui étendait le fumier en lui proposant : « vous jetez de l’engrais en granulés et fini la corvée du fumier » !

    Ensuite il est arrivé avec ses produits phytosanitaires : « vous sulfatez le champ et fini la corvée du binage, sarclage, serfouissage, grattage etc. »

    -       Oui mais pour faire tout ça comment fais-je ?

    -       Ah… il vous faut de la mécanique, tracteur, épandeur d’engrais, pulvérisateur…

    -       Oui, mais ma production ne suffit pas à payer ce matériel.

    -       Bien sûr, vous devez agrandir l’exploitation.

    -       Oui, mais je n’y arrive pas en travaillant toute la journée.

    -       Mais vous avez des phares, vous pouvez travailler la nuit.

    Et de fil en aiguille, pendant que les fabricants de pesticides et de tracteurs sont en vacances en jet privé et en 4X4 dans les îles paradisiaques et que leur fortune dort dans les paradis fiscaux, les paysans se saignent aux quatre veines, ils empoisonnent la planète ce qui accrédite chez eux un sentiment de culpabilité, et finissants - dans cette course incessante - dans un endettement insupportable, ils terminent au bout d’une corde à raison d’un tous les deux jours.

    Voilà pépé où nous ont conduit des politiques imbéciles, voilà ce que des humains sont capables de faire sur une belle planète bleue qui tourne, on ne sait pas comment ni pourquoi, sur elle-même et autour du soleil depuis des milliards d’années.


    24/02/2019 – G.F.  

     

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  • Chambre et à la Maison 5227

    Allo pépé… Où es-tu ? Oui je sais… Quelque part dans le ciel… Mais ce n’est pas facile, heureusement il y a le téléphone.

    Tu veux savoir pourquoi je t’appelle. En fait je t’appelle pour rien ! C’est pour épuiser le forfait. Oui, je comprends que tu ne comprennes pas, toi tu téléphonais quand tu avais quelque chose à dire et tu payais le montant correspondant à la dépense. C’est que depuis ce temps là… il y a eu quelque chose de fantastique qui s’est passé : le progrès !

    Maintenant on ne sait pas ce que l’on aura à dire mais on sait ce que l’on doit payer. Ensuite, puisque c’est payé, on parle pour ne rien dire afin de parvenir à dépenser ce que l’on a réellement payé. C’est simple ?

    Non… Tu as raison… C’est idiot ! Oui, c’est bien possible… Mais il parait que c’est bon pour les opérateurs… alors tout le monde est content !

     

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    8 commentaires
  • Suite à « la lettre à mon pépé » du 29 avril 2011, un lecteur du blog – le Président de « La Mémoire de Bruges » m’écrit ceci :  

     Personnes-52435.jpg

    « Aujourd'hui, la boulimie d'informations qui arrive en permanence de partout  pourrait nous faire perdre la tête (la boule).

    Au XVIIe siècle, les grandes nouvelles du pays circulaient avec des moyens organisés. C'étaient des messagers qui allaient de poste en poste de relais annoncer les grands évènements.

    Assassiné le 14 mai 1610, la mort du roi Henry IV fut connue à Bordeaux le 19 mai. C'était rapide car il fallait avertir la famille résident dans la région.

    Celle de Richelieu fut connue au bout de 10 jours ».

     

    (Informations tirées de : la vie quotidienne dans l’Aquitaine du XVIIème siècle – Yves-Marie Bercé – Editions Hachette)

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  •     2011.04.29

    Hier il y a eu un accident sur l’autoroute, on a dénombré sept morts, la circulation a été bloquée le moins longtemps possible, tout a été mis en œuvre pour débarrasser l’asphalte rapidement et remettre tout en marche… La machine à broyer n’attend pas, c’est la routine. On fabrique des voitures, on crée des autoroutes, on fonce comme des dingues, on s’emplafonne, on rebouche les trous et ça repart… Faut qu’ça roule !

    Oui, je sais « autoroute » est un mot qui ne t’es pas très familier ; elles existaient tout juste et on en parlait quasiment pas lorsque tu es parti définitivement vers l’inconnu. Alors ordinateur, mobile, portable, texto et autres sms, tout cela n’a aucune signification. Quand on voulait te signaler qu’il était l’heure du repas on mettait un linge blanc au bout d’un piquet à l’angle de la cour, de sorte que tu pouvais l’apercevoir depuis le fond du vallon… C’était le sms de l’époque !  

    Ce qui se passait en Chine ou au Japon ne te concernait pas. Tu apprenais quelquefois avec un retard de quinze jours, au hasard d’une rencontre ou chez le boucher, un incident qui s’était déroulé au chef-lieu du canton… Alors, autant dire que les mouvements sur la place Tienanmen paraissaient aussi inaccessibles que ce qui se passe aujourd’hui… dans une autre galaxie ! Et pourtant cela ne fait même pas cent ans que tu es revenu de la guerre de 14. Bien sûr je parle de 1914… la grande guerre, celle que tu me racontais au coin du feu bien plus tard quand j’avais l’âge de raison (et que j’avais quand même souvent tort) !

    Tiens encore deux choses que tu n’as pas connues, tu vois les autoroutes brouillard.jpgdont je te parle plus haut, elles sont très perfectionnées de nos jours, tu n’as jamais vu ces nombreux panneaux lumineux qui signalent tout ce qui se passe. Par exemple toi quand tu partais de bon matin avec tes bœufs pour aller au champ labourer, faucher, ou récolter le foin ou le blé… s’il y avait du brouillard il fallait que tu le voies ! Et tu le voyais bien je crois. Hé bien là sur les autoroutes on prend les gens pour ce qu’ils sont devenus… alors en grosses lettres lumineuses le mot BROUILLARD clignote ! C’est beau… C’est pratique pour ceux qui sont déjà dans la brume toute l’année ! Et il y a bien pire. Aujourd’hui quand quelqu’un est « bourré » il souffle dans un ballon pour le savoir.

    Oui, je sais… j’arrête… Tu finirais par ne pas me croire !

     

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