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JP Luminet récite de Nerval, à propos du trou noir.
Pendant l’émission « les grosses têtes » du 25 octobre, l’invité, l’astrophysicien Jean-Pierre Luminet, auquel Philippe Bouvard posait la question de savoir comment Gérard de Nerval avait anticipé les travaux des astrophysiciens sur le fameux « trou noir », récita une partie du poème de ce poète dont voici un extrait :
Le Christ aux Oliviers.
…/… En cherchant l'œil de Dieu, je n'ai vu qu'une orbite
Vaste, noir et sans fond, d'où la nuit qui l'habite
Rayonne sur le monde et s'épaissit toujours ;
Un arc-en-ciel étrange entoure ce puits sombre,
Seuil de l'ancien chaos dont le néant est l'ombre,
Spirale engloutissant les Mondes et les Jours!
Immobile Destin, muette sentinelle,
Froide Nécessité ! Hasard qui, t'avançant
Parmi les mondes morts sous la neige éternelle,
Refroidis, par degrés, l'univers pâlissant,
Sais-tu ce que tu fais, puissance originelle,
De tes soleils éteints, l'un l'autre se froissant...
Es-tu sûr de transmettre une haleine immortelle,
Entre un monde qui meurt et l'autre renaissant ?
O mon père! Est-ce toi que je sens en moi-même ?
As-tu pouvoir de vivre et de vaincre la mort ?
Aurais-tu succombé sous un dernier effort
De cet ange des nuits que frappa l'anathème ?
Car je me sens tout seul à pleurer et souffrir;
Hélas! Et, si je meurs, c'est que tout va mourir !"
Nul n'entendait gémir l'éternelle victime,
Livrant au monde en vain tout son cœur épanché;
Mais prêt à défaillir et sans force penché,
Il appela le seul - éveillé dans Solyme:
"Judas ! lui cria-t-il, tu sais ce qu'on m'estime,
Hâte-toi de me vendre, et finis ce marché:
Je suis souffrant, ami ! Sur la terre couché...
Viens ! Ô toi qui, du moins, as la force du crime !"
Mais Judas s'en allait, mécontent et pensif,
Se trouvant mal payé, plein d'un remords si vif
Qu'il lisait ses noirceurs sur tous les murs écrites...
Enfin Pilate seul, qui veillait pour César,
Sentant quelque pitié, se tourna par hasard:
"Allez chercher ce fou !" dit-il aux satellites.
C'était bien lui, ce fou, cet insensé sublime...
Cet Icare oublié qui remontait les cieux,
Ce Phaéton perdu sous la foudre des dieux,
Ce bel Atys meurtri que Cybèle ranime !
L'augure interrogeait le flanc de la victime,
La terre s'enivrait de ce sang précieux...
L'univers étourdi penchait sur ses essieux,
Et l'Olympe un instant chancela vers l'abîme.
"Réponds! criait César à Jupiter Ammon,
Quel est ce nouveau dieu qu'on impose à la terre ?
Et si ce n'est un dieu, c'est au moins un démon..."
Mais l'oracle invoqué pour jamais dut se taire;
Un seul pouvait au monde expliquer ce mystère:
Celui qui donna l'âme aux enfants du limon.
Gerard de Nerval – 1808 – 1855.
Tags : monde, seul, dieu, …, nerval
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Commentaires
Est-ce que Luminet sait que Nerval était un "illuminé", qui a fini par se pendre à un réverbère, rue de la Lanterne ?... Ouf, tout cela ne nous éclaire pas !...
Merci pour cette minute culturelle !
Je te souhaite une bonne soirée Ountès, sans oublier mes bises habituelles
tout ça pour un trou, noir de surcroît!!
Nous allons en vivre, des trous noirs, sais-tu?
Il semblerait que l'éclairage nocturne des autoroutes va être supprimé:
1- plus de vigilance et moins d'accidents
2- des économies...
Mais je n'en ferai pas un poème...
bonne journée under the rain!
Très belles rimes et un sujet à méditer.
Mazette ! Était-il visionnaire ?
Ou bien donna-t-il corps à un rêve, une réflexion...
Merci de me faire lire ça !
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Un texte bien difficile comme beaucoup concernant Victor Hugo... la vie a l'époque a du l'inspirer.
Bisous Ountès qui aime la poésie comme moi et la transmet pour notre plus grand plaisir.