• Spécial crise (3)

     

       

    Troisième extrait de l’interview d’Emmanuel Todd à l’hebdomadaire Le Point (*)

    (pour mémoire : lien du précédent)

    todd

     

    Le Point : S’agit-il d’un groupe hors sol, d’«élites mondialisées», expression qui faisait bondir tout le monde il y a dix ans ?

     

    Emmanuel Todd : Encore une fantasmagorie de l’époque ! On croit que le libre-échange globalisé a engendré une oligarchie transnationale. Parce qu’on fait abstraction des facteurs culturels, on ne voit pas qu’il existe plusieurs oligarchies dont les relations sont structurées par d’implacables rapports de forces. La spécificité de l’oligarchie française, c’est sa proximité avec la haute administration. Ses membres ont souvent étudié dans de grandes écoles – sans forcément être des héritiers -, parlent en général très mal l’anglais, sont incroyablement français dans leurs mœurs et n’en finissent pas de se faire rouler par les vrais patrons, l’oligarchie américaine. La soumission à Standard & Poor’s et Moody’s est une soumission à l’oligarchie américaine. Quant à l’oligarchie allemande, nouvelle venue dans le système de domination, elle s’habitue ces jours-ci à traiter les Français comme de simples vassaux. Le charme singulier de l’oligarchie chinoise est son étroite intrication avec le Parti communiste. La plupart des analystes passent à côté de cette hétérogénéité. La gauche nourrit l’illusion d’une égalité au sommet, alors que l’inégalité caractérise autant le haut que le bas de la structure sociale mondiale.

     

    Si les Etats ne s’endettaient pas, ils ne s’appauvriraient pas et n’enrichiraient personne en remboursant leur dette.

     

    Cette idée est complètement à côté de la plaque parce qu’elle méconnaît le mécanisme réel de l’endettement. On analyse la dette publique à partir du point de vue d’un emprunteur qui serait coupable d’avoir dépensé sans compter. Les peuples doivent payer parce qu’ils ont vécu à crédit. Or, ce ne sont pas les emprunteurs qui sont, fondamentalement, à l’origine de la dette, mais les prêteurs, qui veulent placer leurs excédents financiers. Marx l’avait très bien vu dans « le 18 Brumaire de Louis Bonaparte », les riches adorent la dette publique ! Un Etat qui s’endette est un Etat qui, grâce au monopole de la contrainte légale, permet aux riches d’obtenir une sécurité maximale pour leur argent.

     

    …/…

    (A suivre)

     

    (*) Le démographe, anthropologue, historien, politologue, Emmanuel Todd, a donné une interview au Point en une douzaine de questions.

    Ci-dessus le troisième extrait.

    (Le Point du 1er décembre n° 2046 – page 66)

     

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  • Commentaires

    4
    Mardi 13 Décembre 2011 à 07:08
    New Dawn

    Les medias commencent à effrayer les gens avec le problème de parité des monnaies euro/franc , en cas d'échec...

    3
    Mardi 13 Décembre 2011 à 04:31
    Armide+Pistol

    Bref, on a pousse tous les gogos dans un piege. Les moutons ont tous suivi

    2
    Lundi 12 Décembre 2011 à 18:17
    nanaBreizh

    Bonsoir Ountès

    C'est mon seul regret de perdre ma communauté, mais pour le reste je ne regrette pas OB !

    Bon début de semaine

    bises

    1
    Lundi 12 Décembre 2011 à 10:18
    jill-bill.over-blog.

    Et la vie à crédit aujourd'hui un banal fait divers... mais qui ne peut plus rembourser est bien mal....  Merci à toi !  Jill

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