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Par Peut-être le 15 Octobre 2011 à 08:19- L'interprète, Gérard Berliner, est né le 5 janvier 1956 et mort le 13 octobre 2010.--Lors de son passage au Grand Cabaret 2 ans avant sa mort.-
Mais qui a soulagé sa peine
Porté son bois porté les seaux
Offert une écharpe de laine
Le jour de la foire aux chevaux
Et qui a pris soin de son âme
Et l'a bercée dedans son lit
Qui l'a traitée comme une femme
Au moins une fois dans sa vie
Le bois que portait Louise
C'est le Bon Dieu qui le portait
Le froid dont souffrait Louise
C'est le Bon Dieu qui le souffrait
C'n'était qu'un homme des équipes
Du chantier des chemins de fer
À l'heure laissée aux domestiques
Elle le rejoignait près des barrières
Me voudras-tu moi qui sais coudre
Signer mon nom et puis compter,
L'homme à sa taille sur la route
Passait son bras, la promenait
L'amour qui tenait Louise
C'est le Bon Dieu qui le tenait
Le regard bleu sur Louise
C'est le Bon Dieu qui l'éclairait
Ils sont partis vaille que vaille
Mourir quatre ans dans les tranchées.
Et l'on raconte leurs batailles
Dans le salon après le thé
Les lettres qu'attendait Louise
C'est le Bon Dieu qui les portait
La guerre qui séparait Louise
C'est le Bon Dieu qui la voyait
Un soir d'hiver sous la charpente
Dans son lit cage elle a tué
L'amour tout au fond de son ventre
Par une aiguille à tricoter
Si je vous garde Louise en place
C'est en cuisine pas devant moi
Ma fille prie très fort pour que s'efface
Ce que l'curé m'a appris là
Et la honte que cachait Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a cachée
Le soldat qu'attendait Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a vu tomber
Y a cinquante ans c'était en France
Dans un village de l'Allier
On n'accordait pas d'importance
A une servante sans fiancé
Le deuil qu'a porté Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a porté
La vie qu'a travaillé Louise
C'est le Bon Dieu qui l'a aidée
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Par Peut-être le 9 Octobre 2011 à 17:29--Stances de CorneilleMarquise si mon visageA quelques traits un peu vieux,Souvenez-vous qu'à mon âgeVous ne vaudrez guère mieux.Le temps aux plus belles chosesSe plaît à faire un affront,Et saura faner vos rosesComme il a ridé mon front.Le même cours des planètesRègle nos jours et nos nuitsOn m'a vu ce que vous êtesVous serez ce que je suis.Cependant j'ai quelques charmesQui sont assez éclatantsPour n'avoir pas trop d'alarmesDe ces ravages du temps.Vous en avez qu'on adore;Mais ceux que vous méprisezPourraient bien durer encoreQuand ceux-là seront usés.Ils pourront sauver la gloireDes yeux qui me semblent doux,Et dans mille ans faire croireCe qu'il me plaira de vous.Chez cette race nouvelle,Où j'aurai quelque crédit,Vous ne passerez pour belleQu'autant que je l'aurai dit.Pensez-y, belle Marquise.Quoiqu'un grison fasse effroi,Il vaut bien qu'on le courtise,Quand il est fait comme moi.Chanté par Brassens:Marquise, si mon visageA quelques traits un peu vieux,Souvenez-vous qu'à mon âgeVous ne vaudrez guère mieux.{2x}Le temps aux plus belles chosesSe plaît à faire un affrontEt saura faner vos rosesComme il a ridé mon front.{2x}Le même cours des planètesRègle nos jours et nos nuitsOn m'a vu ce que vous êtes;Vous serez ce que je suis.{2x}Peut-être que je serai vieille,Répond Marquise, cependantJ'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,Et je t'emmerde en attendant.{2x}
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Par Peut-être le 9 Octobre 2011 à 08:30-Brassens chante Hugo (suite)---La même en italien est très agréable à entendre aussi.Le poème est ici plus complet, Brassens n'en interprète qu'un extrait :
La Légende de la Nonne
Venez, vous dont l'œil étincelle,
Pour entendre une histoire encor,
Approchez : je vous dirai celle
De doña Padilla del Flor.
Elle était d'Alanje, où s'entassent
Les collines et les halliers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Il est des filles à Grenade,
Il en est à Séville aussi,
Qui, pour la moindre sérénade,
A l'amour demandent merci ;
Il en est que d'abord embrassent,
Le soir, les hardis cavaliers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Ce n'est pas sur ce ton frivole
Qu'il faut parler de Padilla,
Car jamais prunelle espagnole
D'un feu plus chaste ne brilla ;
Elle fuyait ceux qui pourchassent
Les filles sous les peupliers. -
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Rien ne touchait ce cœur farouche,
Ni doux soins, ni propos joyeux ;
Pour un mot d'une belle bouche,
Pour un signe de deux beaux yeux,
On sait qu'il n'est rien que ne fassent
Les seigneurs et les bacheliers. -
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Elle prit le voile à Tolède,
Au grand soupir des gens du lieu,
Comme si, quand on n'est pas laide,
On avait droit d'épouser Dieu.
Peu s'en fallut que ne pleurassent
Les soudards et les écoliers. -
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Mais elle disait : "Loin du monde,
Vivre et prier pour les méchants !
Quel bonheur ! Quelle paix profonde
Dans la prière et dans les chants !
Là, si les démons nous menacent,
Les anges sont nos boucliers !" -
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Or, la belle à peine cloîtrée,
Amour dans son cœur s'installa.
Un fier brigand de la contrée
Vint alors et dit : Me voilà !
Quelquefois les brigands surpassent
En audace les chevaliers. -
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Il était laid ; des traits austères,
La main plus rude que le gant ;
Mais l'amour a bien des mystères,
Et la nonne aima le brigand.
On voit des biches qui remplacent
Leurs beaux cerfs par des sangliers. -
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Pour franchir la sainte limite,
Pour approcher du saint couvent,
Souvent le brigand d'un ermite
Prenait le cilice, et souvent
La cotte de maille où s'enchâssent
Les croix noires des templiers. -
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
La nonne osa, dit la chronique,
Au brigand par l'enfer conduit,
Aux pieds de sainte Véronique
Donner un rendez-vous la nuit,
A l'heure où les corbeaux croassent,
Volant dans l'ombre par milliers. -
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Padilla voulait, anathème !
Oubliant sa vie en un jour,
Se livrer, dans l'église même,
Sainte à l'enfer, vierge à l'amour,
Jusqu'à l'heure pâle où s'effacent
Les cierges sur les chandeliers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Or, quand, dans la nef descendue,
La nonne appela le bandit,
Au lieu de la voix attendue,
C'est la foudre qui répondit.
Dieu voulut que ses coups frappassent
Les amants par Satan liés. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Aujourd'hui, des fureurs divines
Le pâtre enflammant ses récits,
Vous montre au penchant des ravines
Quelques tronçons de murs noircis,
Deux clochers que les ans crevassent,
Dont l'abri tuerait ses béliers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Quand la nuit, du cloître gothique
Brunissant les portails béants,
Change à l'horizon fantastique
Les deux clochers en deux géants ;
A l'heure où les corbeaux croassent,
Volant dans l'ombre par milliers… -
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Une nonne, avec une lampe,
Sort d'une cellule à minuit ;
Le long des murs le spectre rampe,
Un autre fantôme le suit ;
Des chaînes sur leurs pieds s'amassent,
De lourds carcans sont leurs colliers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
La lampe vient, s'éclipse, brille,
Sous les arceaux court se cacher,
Puis tremble derrière une grille,
Puis scintille au bout d'un clocher ;
Et ses rayons dans l'ombre tracent
Des fantômes multipliés. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Les deux spectres qu'un feu dévore,
Traînant leur suaire en lambeaux,
Se cherchent pour s'unir encore,
En trébuchant sur des tombeaux ;
Leurs pas aveugles s'embarrassent
Dans les marches des escaliers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Mais ce sont des escaliers fées,
Qui sous eux s'embrouillent toujours ;
L'un est aux caves étouffées,
Quand l'autre marche au front des tours ;
Sous leurs pieds, sans fin se déplacent
Les étages et les paliers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Elevant leurs voix sépulcrales,
Se cherchant les bras étendus,
Ils vont… Les magiques spirales
Mêlent leur pas toujours perdus ;
Ils s'épuisent et se harassent
En détours, sans cesse oubliés. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
La pluie alors, à larges gouttes,
Bat les vitraux frêles et froids ;
Le vent siffle aux brèches des voûtes ;
Une plainte sort des beffrois ;
On entend des soupirs qui glacent,
Des rires d'esprits familiers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Une voix faible, une voix haute,
Disent : "Quand finiront les jours ?
Ah ! Nous souffrons par notre faute ;
Mais l'éternité, c'est toujours !
Là, les mains des heures se lassent,
A retourner les sabliers…" –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
L'enfer, hélas ! ne peut s'éteindre.
Toutes les nuits, dans ce manoir,
Se cherchent sans jamais s'atteindre
Une ombre blanche, un spectre noir,
Jusqu'à l'heure pâle où s'effacent
Les cierges sur les chandeliers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Si, tremblant à ces bruits étranges,
Quelque nocturne voyageur
En se signant demande aux anges
Sur qui sévit le Dieu vengeur,
Des serpents de feu qui s'enlacent
Tracent deux noms sur les piliers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
Cette histoire de la novice,
Saint Ildefonse, abbé, voulut
Qu'afin de préserver du vice
Les vierges qui font leur salut,
Les prieures la racontassent
Dans tous les couvents réguliers. –
Enfants, voici des bœufs qui passent,
Cachez vos rouges tabliers !
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Par Peut-être le 8 Octobre 2011 à 08:23Brassens chante Hugo---
Gastibelza, l'homme à la carabine,
Chantait ainsi:
« Quelqu'un a-t-il connu doña Sabine,
Quelqu'un d'ici?
Chantez, dansez, villageois, la nuit gagne
Le mont Falù.
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!« Quelqu'un de vous a-t-il connu Sabine,
Ma señora?
Sa mère était la vieille maugrabine
D'Antequera,
Qui chaque nuit criait dans la Tour-Magne
Comme un hibou.
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!« Dansez, chantez ! Des biens que l'heure envoie
Il faut user.
Elle était jeune et son œil plein de joie
Faisait penser
A ce vieillard qu'un enfant accompagne.
Jetez un sou!.
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!« Vraiment, la reine eût près d'elle été laide
Quand, vers le soir,
Elle passait sur le pont de Tolède
En corset noir.
Un chapelet du temps de Charlemagne
Ornait son cou.
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.« Le roi disait, en la voyant si belle,
A son neveu,
- Pour un baiser, pour un sourire d'elle,
Pour un cheveu,
Infant don Ruy, je donnerais l'Espagne
Et le Pérou!
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!« Je ne sais pas si j'aimais cette dame,
Mais je sais bien
Que, pour avoir un regard de son âme,
Moi, pauvre chien,
J'aurais gaîment passé dix ans au bagne
Sous le verrou.
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!« Un jour d'été que tout était lumière,
Vie et douceur,
Elle s'en vint jouer dans la rivière
Avec sa sœur,
Je vis le pied de sa jeune compagne
Et son genou...---
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!« Quand je voyais cette enfant, moi le pâtre
De ce canton,
Je croyais voir la belle Cléopâtre,
Qui, nous dit-on,
Menait César, empereur d'Allemagne,
Par le licou.
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!« Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe.
Sabine, un jour,
A tout vendu, sa beauté de colombe,
Tout son amour,
Pour l'anneau d'or du comte de Sardagne
Pour un bijou.
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!« Sur ce vieux banc souffrez que je m'appuie,
Car je suis las.
Avec ce comte elle s'est donc enfuie!
Enfuie, hélas!
Par le chemin qui va vers la Cerdagne,
Je ne sais où...---
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou!« Je la voyais passer de ma demeure,
Et c'était tout.
Mais à présent je m'ennuie à toute heure,
Plein de dégoût,
Rêveur oisif, l'âme dans la campagne,
La dague au clou...---
Le vent qui vient à travers la montagne
M'a rendu fou! »
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Par Peut-être le 3 Octobre 2011 à 08:27
G. Brassens chante un poème de Francis Jammes.
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Par le petit garçon qui meurt près de sa mère
Tandis que des enfants s'amusent au parterre
Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment
Son aile tout à coup s'ensanglante et descend
Par la soif et la faim et le délire ardent Je vous salue, Marie.
Par les gosses battus, par l'ivrogne qui rentre
Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre
Et par l'humiliation de l'innocent châtié
Par la vierge vendue qu'on a déshabillée
Par le fils dont la mère a été insultée Je vous salue, Marie.
Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids
S'écrie: " Mon Dieu ! " par le malheureux dont les bras
Ne purent s'appuyer sur une amour humaine
Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène
Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne Je vous salue, Marie.
Par les quatre horizons qui crucifient le monde
Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe
Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains
Par le malade que l'on opère et qui geint
Et par le juste mis au rang des assassins Je vous salue, Marie.
Par la mère apprenant que son fils est guéri
Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid
Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée
Par le baiser perdu par l'amour redonné
Et par le mendiant retrouvant sa monnaie Je vous salue, Marie.
Paroles: Poème de Francis Jammes. Musique: Georges Brassens 1955 "Georges Brassens et sa guitare no.3" © Philips autres interprètes: Frida Boccara, Hugues Aufray (1970), Damien Saez (2001)
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Par Peut-être le 3 Avril 2011 à 08:11Etre et avoir-Loin des vieux livres de grammaire,Écoutez comment un beau soir,Ma mère m'enseigna les mystèresDu verbe être et du verbe avoir.Parmi mes meilleurs auxiliaires,Il est deux verbes originaux.Avoir et Être étaient deux frèresQue j'ai connus dès le berceau.Bien qu'opposés de caractères,On pouvait les croire jumeaux,Tant leur histoire est singulière.Mais ces deux frères étaient rivaux.Ce qu'Avoir aurait voulu êtreÊtre voulait toujours l'avoir.À ne vouloir ni dieu ni maître,Le verbe Être s'est fait avoir.Son frère Avoir était en banqueEt faisait un grand numéro,Alors qu'Être, toujours en manqueSouffrait beaucoup dans son ego.Pendant qu'Être apprenait à lireEt faisait ses humanités,De son côté sans rien lui direAvoir apprenait à compter.Et il amassait des fortunesEn avoirs, en liquidités,Pendant qu'Être, un peu dans la luneS'était laissé déposséder.Avoir était ostentatoireLorsqu'il se montrait généreux,Être en revanche, et c'est notoire,Est bien souvent présomptueux.Avoir voyage en classe Affaires.Il met tous ses titres à l'abri.Alors qu'Être est plus débonnaire,Il ne gardera rien pour lui.Sa richesse est tout intérieure,Ce sont les choses de l'esprit.Le verbe Être est tout en pudeurEt sa noblesse est à ce prix.Un jour à force de chimèresPour parvenir à un accord,Entre verbes ça peut se faire,Ils conjuguèrent leurs efforts.Et pour ne pas perdre la faceAu milieu des mots rassemblés,Ils se sont répartis les tâchesPour enfin se réconcilier.Le verbe Avoir a besoin d'ÊtreParce qu'être, c'est exister.Le verbe Être a besoin d'avoirsPour enrichir ses bons côtés.Et de palabres interminablesEn arguties alambiquées,Nos deux frères inséparablesOnt pu être et avoir été.
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