• - L'interprète, Gérard Berliner, est né le 5 janvier 1956 et mort le 13 octobre 2010.
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    Lors de son passage au Grand Cabaret 2 ans avant sa mort.
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    Mais qui a soulagé sa peine

     Porté son bois porté les seaux

     Offert une écharpe de laine

     Le jour de la foire aux chevaux

     

    Et qui a pris soin de son âme

     Et l'a bercée dedans son lit

     Qui l'a traitée comme une femme

     Au moins une fois dans sa vie

     

    Le bois que portait Louise

     C'est le Bon Dieu qui le portait

     Le froid dont souffrait Louise

     C'est le Bon Dieu qui le souffrait

     

    C'n'était qu'un homme des équipes

     Du chantier des chemins de fer

     À l'heure laissée aux domestiques

     Elle le rejoignait près des barrières

     

    Me voudras-tu moi qui sais coudre

     Signer mon nom et puis compter,

     L'homme à sa taille sur la route

     Passait son bras, la promenait

     

    L'amour qui tenait Louise

     C'est le Bon Dieu qui le tenait

     Le regard bleu sur Louise

     C'est le Bon Dieu qui l'éclairait

     

    Ils sont partis vaille que vaille

     Mourir quatre ans dans les tranchées.

     Et l'on raconte leurs batailles

     Dans le salon après le thé

     

    Les lettres qu'attendait Louise

     C'est le Bon Dieu qui les portait

     La guerre qui séparait Louise

     C'est le Bon Dieu qui la voyait

     

    Un soir d'hiver sous la charpente

     Dans son lit cage elle a tué

     L'amour tout au fond de son ventre

     Par une aiguille à tricoter

     

    Si je vous garde Louise en place

     C'est en cuisine pas devant moi

     Ma fille prie très fort pour que s'efface

     Ce que l'curé m'a appris là

     

    Et la honte que cachait Louise

     C'est le Bon Dieu qui l'a cachée

     Le soldat qu'attendait Louise

     C'est le Bon Dieu qui l'a vu tomber

     

    Y a cinquante ans c'était en France

     Dans un village de l'Allier

     On n'accordait pas d'importance

     A une servante sans fiancé

     

    Le deuil qu'a porté Louise

     C'est le Bon Dieu qui l'a porté

     La vie qu'a travaillé Louise

     C'est le Bon Dieu qui l'a aidée

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    Stances de Corneille
     
    Marquise si mon visage
     A quelques traits un peu vieux,
     Souvenez-vous qu'à mon âge
     Vous ne vaudrez guère mieux.
     
     Le temps aux plus belles choses
     Se plaît à faire un affront,
     Et saura faner vos roses
     Comme il a ridé mon front.
     
     Le même cours des planètes
     Règle nos jours et nos nuits
     On m'a vu ce que vous êtes
     Vous serez ce que je suis.
     
     Cependant j'ai quelques charmes
     Qui sont assez éclatants
     Pour n'avoir pas trop d'alarmes
     De ces ravages du temps.
     
     Vous en avez qu'on adore;
     Mais ceux que vous méprisez
     Pourraient bien durer encore
     Quand ceux-là seront usés.
     
     Ils pourront sauver la gloire
     Des yeux qui me semblent doux,
     Et dans mille ans faire croire
     Ce qu'il me plaira de vous.
     
     Chez cette race nouvelle,
     Où j'aurai quelque crédit,
     Vous ne passerez pour belle
     Qu'autant que je l'aurai dit.
     
     Pensez-y, belle Marquise.
     Quoiqu'un grison fasse effroi,
     Il vaut bien qu'on le courtise,
     Quand il est fait comme moi.
     
    Chanté par Brassens:
     
    Marquise, si mon visage
     A quelques traits un peu vieux,
     Souvenez-vous qu'à mon âge
     Vous ne vaudrez guère mieux.
     {2x}
     
    Le temps aux plus belles choses
     Se plaît à faire un affront
     Et saura faner vos roses
     Comme il a ridé mon front.
     {2x}
     
    Le même cours des planètes
     Règle nos jours et nos nuits
     On m'a vu ce que vous êtes;
     Vous serez ce que je suis.
     {2x}
     
    Peut-être que je serai vieille,
     Répond Marquise, cependant
     J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
     Et je t'emmerde en attendant.
     {2x}
     
     
     
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    Brassens chante Hugo (suite)
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    La même en italien est très agréable à entendre aussi.
    Le poème est ici plus complet, Brassens n'en interprète qu'un extrait :

    La Légende de la Nonne

     

     

    Venez, vous dont l'œil étincelle,

    Pour entendre une histoire encor,

    Approchez : je vous dirai celle

    De doña Padilla del Flor.

    Elle était d'Alanje, où s'entassent

    Les collines et les halliers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Il est des filles à Grenade,

    Il en est à Séville aussi,

    Qui, pour la moindre sérénade,

    A l'amour demandent merci ;

    Il en est que d'abord embrassent,

    Le soir, les hardis cavaliers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Ce n'est pas sur ce ton frivole

    Qu'il faut parler de Padilla,

    Car jamais prunelle espagnole

    D'un feu plus chaste ne brilla ;

    Elle fuyait ceux qui pourchassent

    Les filles sous les peupliers. -

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Rien ne touchait ce cœur farouche,

    Ni doux soins, ni propos joyeux ;

    Pour un mot d'une belle bouche,

    Pour un signe de deux beaux yeux,

    On sait qu'il n'est rien que ne fassent

    Les seigneurs et les bacheliers. -

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Elle prit le voile à Tolède,

    Au grand soupir des gens du lieu,

    Comme si, quand on n'est pas laide,

    On avait droit d'épouser Dieu.

    Peu s'en fallut que ne pleurassent

    Les soudards et les écoliers. -

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Mais elle disait : "Loin du monde,

    Vivre et prier pour les méchants !

    Quel bonheur ! Quelle paix profonde

    Dans la prière et dans les chants !

    Là, si les démons nous menacent,

    Les anges sont nos boucliers !" -

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Or, la belle à peine cloîtrée,

    Amour dans son cœur s'installa.

    Un fier brigand de la contrée

    Vint alors et dit : Me voilà !

    Quelquefois les brigands surpassent

    En audace les chevaliers. -

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Il était laid ; des traits austères,

    La main plus rude que le gant ;

    Mais l'amour a bien des mystères,

    Et la nonne aima le brigand.

    On voit des biches qui remplacent

    Leurs beaux cerfs par des sangliers. -

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Pour franchir la sainte limite,

    Pour approcher du saint couvent,

    Souvent le brigand d'un ermite

    Prenait le cilice, et souvent

    La cotte de maille où s'enchâssent

    Les croix noires des templiers. -

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    La nonne osa, dit la chronique,

    Au brigand par l'enfer conduit,

    Aux pieds de sainte Véronique

    Donner un rendez-vous la nuit,

    A l'heure où les corbeaux croassent,

    Volant dans l'ombre par milliers. -

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Padilla voulait, anathème !

    Oubliant sa vie en un jour,

    Se livrer, dans l'église même,

    Sainte à l'enfer, vierge à l'amour,

    Jusqu'à l'heure pâle où s'effacent

    Les cierges sur les chandeliers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Or, quand, dans la nef descendue,

    La nonne appela le bandit,

    Au lieu de la voix attendue,

    C'est la foudre qui répondit.

    Dieu voulut que ses coups frappassent

    Les amants par Satan liés. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Aujourd'hui, des fureurs divines

    Le pâtre enflammant ses récits,

    Vous montre au penchant des ravines

    Quelques tronçons de murs noircis,

    Deux clochers que les ans crevassent,

    Dont l'abri tuerait ses béliers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Quand la nuit, du cloître gothique

    Brunissant les portails béants,

    Change à l'horizon fantastique

    Les deux clochers en deux géants ;

    A l'heure où les corbeaux croassent,

    Volant dans l'ombre par milliers… -

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Une nonne, avec une lampe,

    Sort d'une cellule à minuit ;

    Le long des murs le spectre rampe,

    Un autre fantôme le suit ;

    Des chaînes sur leurs pieds s'amassent,

    De lourds carcans sont leurs colliers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    La lampe vient, s'éclipse, brille,

    Sous les arceaux court se cacher,

    Puis tremble derrière une grille,

    Puis scintille au bout d'un clocher ;

    Et ses rayons dans l'ombre tracent

    Des fantômes multipliés. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Les deux spectres qu'un feu dévore,

    Traînant leur suaire en lambeaux,

    Se cherchent pour s'unir encore,

    En trébuchant sur des tombeaux ;

    Leurs pas aveugles s'embarrassent

    Dans les marches des escaliers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Mais ce sont des escaliers fées,

    Qui sous eux s'embrouillent toujours ;

    L'un est aux caves étouffées,

    Quand l'autre marche au front des tours ;

    Sous leurs pieds, sans fin se déplacent

    Les étages et les paliers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Elevant leurs voix sépulcrales,

    Se cherchant les bras étendus,

    Ils vont… Les magiques spirales

    Mêlent leur pas toujours perdus ;

    Ils s'épuisent et se harassent

    En détours, sans cesse oubliés. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    La pluie alors, à larges gouttes,

    Bat les vitraux frêles et froids ;

    Le vent siffle aux brèches des voûtes ;

    Une plainte sort des beffrois ;

    On entend des soupirs qui glacent,

    Des rires d'esprits familiers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Une voix faible, une voix haute,

    Disent : "Quand finiront les jours ?

    Ah ! Nous souffrons par notre faute ;

    Mais l'éternité, c'est toujours !

    Là, les mains des heures se lassent,

    A retourner les sabliers…" –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    L'enfer, hélas ! ne peut s'éteindre.

    Toutes les nuits, dans ce manoir,

    Se cherchent sans jamais s'atteindre

    Une ombre blanche, un spectre noir,

    Jusqu'à l'heure pâle où s'effacent

    Les cierges sur les chandeliers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Si, tremblant à ces bruits étranges,

    Quelque nocturne voyageur

    En se signant demande aux anges

    Sur qui sévit le Dieu vengeur,

    Des serpents de feu qui s'enlacent

    Tracent deux noms sur les piliers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

    Cette histoire de la novice,

    Saint Ildefonse, abbé, voulut

    Qu'afin de préserver du vice

    Les vierges qui font leur salut,

    Les prieures la racontassent

    Dans tous les couvents réguliers. –

    Enfants, voici des bœufs qui passent,

    Cachez vos rouges tabliers !

     

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  • Brassens chante Hugo
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    Gastibelza, l'homme à la carabine,
    Chantait ainsi:
    « Quelqu'un a-t-il connu doña Sabine,
    Quelqu'un d'ici?
    Chantez,  dansez, villageois, la nuit gagne
    Le mont Falù.
    Le vent qui vient à travers la montagne
    Me rendra fou!

    « Quelqu'un de vous a-t-il connu Sabine,
    Ma señora?
    Sa mère était la vieille maugrabine
    D'Antequera,
    Qui chaque nuit criait dans la Tour-Magne
    Comme un hibou.
    Le vent qui vient à travers la montagne
    Me rendra fou!

    « Dansez, chantez ! Des biens que l'heure envoie
    Il faut user.
    Elle était jeune et son œil plein de joie
    Faisait penser
    A ce vieillard qu'un enfant accompagne.
    Jetez un sou!.
    Le vent qui vient à travers la montagne
    Me rendra fou!

    « Vraiment, la reine eût près d'elle été laide
    Quand, vers le soir,
    Elle passait sur le pont de Tolède
    En corset noir.
    Un chapelet du temps de Charlemagne
    Ornait son cou.
    Le vent qui vient à travers la montagne
    Me rendra fou.

    « Le roi disait, en la voyant si belle,
    A son neveu,
    - Pour un baiser, pour un sourire d'elle,
    Pour un cheveu,
    Infant don Ruy, je donnerais l'Espagne
    Et le Pérou!
    Le vent qui vient à travers la montagne
    Me rendra fou!

    « Je ne sais pas si j'aimais cette dame,
    Mais je sais bien
    Que, pour avoir un regard de son âme,
    Moi, pauvre chien,
    J'aurais gaîment passé dix ans au bagne
    Sous le verrou.

    Le vent qui vient à travers la montagne
    Me rendra fou!

    « Un jour d'été que tout était lumière,
    Vie et douceur,
    Elle s'en vint jouer dans la rivière
    Avec sa sœur,
    Je vis le pied de sa jeune compagne
    Et son genou...---
    Le vent qui vient à travers la montagne
    Me rendra fou!

    « Quand je voyais cette enfant, moi le pâtre
    De ce canton,
    Je croyais voir la belle Cléopâtre,
    Qui, nous dit-on,
    Menait César, empereur d'Allemagne,
    Par le licou.
    Le vent qui vient à travers la montagne
    Me rendra fou!

    « Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe.
    Sabine, un jour,
    A tout vendu, sa beauté de colombe,
    Tout son amour,
    Pour l'anneau d'or du comte de Sardagne
    Pour un bijou.

    Le vent qui vient à travers la montagne
    Me rendra fou!

    « Sur ce vieux banc souffrez que je m'appuie,
    Car je suis las.
    Avec ce comte elle s'est donc enfuie!
    Enfuie, hélas!
    Par le chemin qui va vers la Cerdagne,
    Je ne sais où...---
    Le vent qui vient à travers la montagne
    Me rendra fou!

    « Je la voyais passer de ma demeure,
    Et c'était tout.
    Mais à présent je m'ennuie à toute heure,
    Plein de dégoût,
    Rêveur oisif, l'âme dans la campagne,
    La dague au clou...---
    Le vent qui vient à travers la montagne
    M'a rendu fou! »

     

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  •  

    G. Brassens chante un poème de Francis Jammes.

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    Par le petit garçon qui meurt près de sa mère

    Tandis que des enfants s'amusent au parterre

    Et par l'oiseau blessé qui ne sait pas comment

    Son aile tout à coup s'ensanglante et descend

    Par la soif et la faim et le délire ardent Je vous salue, Marie.

     

    Par les gosses battus, par l'ivrogne qui rentre

    Par l'âne qui reçoit des coups de pied au ventre

    Et par l'humiliation de l'innocent châtié

    Par la vierge vendue qu'on a déshabillée

    Par le fils dont la mère a été insultée Je vous salue, Marie.

     

    Par la vieille qui, trébuchant sous trop de poids

    S'écrie: " Mon Dieu ! " par le malheureux dont les bras

    Ne purent s'appuyer sur une amour humaine

    Comme la Croix du Fils sur Simon de Cyrène

    Par le cheval tombé sous le chariot qu'il traîne Je vous salue, Marie.

     

    Par les quatre horizons qui crucifient le monde

    Par tous ceux dont la chair se déchire ou succombe

    Par ceux qui sont sans pieds, par ceux qui sont sans mains

    Par le malade que l'on opère et qui geint

    Et par le juste mis au rang des assassins Je vous salue, Marie.

     

    Par la mère apprenant que son fils est guéri

    Par l'oiseau rappelant l'oiseau tombé du nid

    Par l'herbe qui a soif et recueille l'ondée

    Par le baiser perdu par l'amour redonné

    Et par le mendiant retrouvant sa monnaie Je vous salue, Marie.


     Paroles: Poème de Francis Jammes. Musique: Georges Brassens   1955  "Georges Brassens et sa guitare no.3" © Philips autres interprètes: Frida Boccara, Hugues Aufray (1970), Damien Saez (2001)

     

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  • Un moment d’émotion
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  • Marins
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  • Etre et avoir
       
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    Loin des vieux livres de grammaire,
    Écoutez comment un beau soir,
    Ma mère m'enseigna les mystères
    Du verbe être et du verbe avoir.
     
    Parmi mes meilleurs auxiliaires,
    Il est deux verbes originaux.
    Avoir et Être étaient deux frères
    Que j'ai connus dès le berceau.
     
    Bien qu'opposés de caractères,
    On pouvait les croire jumeaux,
    Tant leur histoire est singulière.
    Mais ces deux frères étaient rivaux.
     
    Ce qu'Avoir aurait voulu être
    Être voulait toujours l'avoir.
    À ne vouloir ni dieu ni maître,
    Le verbe Être s'est fait avoir.
     
    Son frère Avoir était en banque
    Et faisait un grand numéro,
    Alors qu'Être, toujours en manque
    Souffrait beaucoup dans son ego.
     
    Pendant qu'Être apprenait à lire
    Et faisait ses humanités,
    De son côté sans rien lui dire
    Avoir apprenait à compter.
     
    Et il amassait des fortunes
    En avoirs, en liquidités,
    Pendant qu'Être, un peu dans la lune
    S'était laissé déposséder.
    Avoir était ostentatoire
    Lorsqu'il se montrait généreux,
    Être en revanche, et c'est notoire,
    Est bien souvent présomptueux.
     
    Avoir voyage en classe Affaires.
    Il met tous ses titres à l'abri.
    Alors qu'Être est plus débonnaire,
    Il ne gardera rien pour lui.
     
    Sa richesse est tout intérieure,
    Ce sont les choses de l'esprit.
    Le verbe Être est tout en pudeur
    Et sa noblesse est à ce prix.
     
    Un jour à force de chimères
    Pour parvenir à un accord,
    Entre verbes ça peut se faire,
    Ils conjuguèrent leurs efforts.
     
    Et pour ne pas perdre la face
    Au milieu des mots rassemblés,
    Ils se sont répartis les tâches
    Pour enfin se réconcilier.
     
    Le verbe Avoir a besoin d'Être
    Parce qu'être, c'est exister.
    Le verbe Être a besoin d'avoirs
    Pour enrichir ses bons côtés.
     
    Et de palabres interminables
    En arguties alambiquées,
    Nos deux frères inséparables
    Ont pu être et avoir été.
     
     
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  • Du texte et une belle voix qui méritent d'être connus !

     

     

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